Cordonnet (Le)

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Les armoiries du Cordonnet, composition de Nicolas Vernot

Le Cordonnet n’a jamais eu d’armoiries par le passé. Il y a quelques années, un écu « de pourpre, à une quintefeuille d’argent percée » avait été présenté comme étant celui de la commune par un héraldiste local. La quintefeuille était censée représenter les dépendances du village.

En réalité, ce blason était la photocopie de la page 79 du célèbre traité de Hiérosme de Bara, Le blason des armoiries, publié pour la première fois en 1581, et n’avait rien à voir avec Le Cordonnet. C’est la raison pour laquelle, d’ailleurs, les explications pour justifier la quintefeuille étaient aussi minces : pourquoi représenter seulement les dépendances du village, et non l’agglomération dans son entier ?

Une attribution si peu fondée ne pouvait être conservée. Après avoir informé le maire de la situation, il a été décidé d’étudier ensemble la composition d’armoiries authentiques. J’ai soumis deux maquettes au conseil municipal, et celle qui a emporté les suffrages est présentée ci-dessous. Elle a été officialisée par délibération du Conseil municipal en date du 4 octobre 2006.

Blasonnement

De gueules à la bande vivrée d’or, à l’anneau câblé de sinople, feuillé vers l’extérieur de sept pièces de tilleul du même, brochant sur le tout.

Symbolique

Le village a été fondé par les sires d’Oiselay, qui organisèrent au XIVe siècle le défrichement de la forêt à l’emplacement de laquelle s’édifièrent peu à peu Le Cordonnet et ses écarts. Les habitants dépendirent de la communauté d’Oiselay jusqu’en 1703, date à laquelle Le Cordonnet fut érigé en communauté indépendante. Le Cordonnet appartint toutefois jusqu’à la Révolution à la baronnie d’Oiselay, dont les ruines du château dominent toujours le village. Le champ (fond) de l’écu est donc aux armes des sires d’Oiselay, de gueules (rouge) à la bande vivrée (une bande diagonale en dents de scie) d’or (jaune ou dorée).

L’étymologie du nom de la commune n’est pas connue, et plusieurs hypothèses ont été avancées pour l’expliquer :

  • Il pourrait s’agir du lointain souvenir d’une abbaye de cordeliers (surnom donné aux franciscains) ; l’existence d’un tel couvent n’ayant jamais été confirmée, cette hypothèse paraît peu crédible. En revanche, le Magny était à l’origine une grange de convers dépendant de l’abbaye cistercienne de la Charité. Toutefois, la cordelière n’étant pas un emblème distinctif des cisterciens, et moins encore de leurs convers, il paraît difficile de lier l’origine du Cordonnet à cette présence monastique.
  • On a proposé de voir dans ce nom l’image du village étiré autour de la colline comme un cordon, explication elle aussi peu convaincante.
  • Enfin, il pourrait exister un lien entre le nom du village et le tilleul pluriséculaire situé au centre de l’agglomération. La présence d’une mare à ses pieds, le Grand Marchais, comblée il y a une quarantaine d’années, laisse à penser que le site était autrefois consacré à la transformation de l’écorce fibreuse du tilleul. D’abord mise à rouir dans les eaux stagnantes de la mare, l’écorce devenue fibres était ensuite séchée puis tressée pour confectionner des cordes, nattes et autres filets.

Quelle qu’en soit son origine, ce « cordonnet » constitue le cœur des armoiries communales, comme emblème parlant présent dans tous les esprits, à l’image du journal communal Le p’tit cordon. Dans les armoiries, le « cordonnet » apparaît sous la forme d’un anneau câblé (tortillé comme un câble) de sinople (vert).

Le tilleul joue un rôle central dans l’identité locale : présent dans le paysage peut-être dès la fondation du village et en tous les cas depuis des siècles, c’est peut-être lui qui est à l’origine du nom de la commune.

Aujourd’hui encore, l’arbre marque le cœur symbolique du village, et c’est encore lui qui a inspiré le nom de l’association culturelle locale, « Le tilleul ».

Ainsi, dans les armoiries, le cordon est doté de feuilles de tilleul pour illustrer les liens étroits qui unissent la commune à son arbre.

es feuilles de tilleul sont au nombre de sept, comme les écarts (Les Christ, La Côte de Bonnevent, La Goutte, La Vanche, Le Magny, L’Etang du Vau et Hauterive). Sur l’écu, elles sont liées au cordonnet central pour souligner l’unité des habitants malgré l’éparpillement de l’habitat.

Sources

Le p’tit cordon [bulletin municipal] n° 34, déc. 2005.

GAUTHIER (Jules et Léon), Armorial de Franche-Comté, Paris, 1911, p. 19, n° 227.

OBELLIANNE (Anne-Sophie), PERROD (Dominique) et BOLE DU CHOMONT (Lise), Guide des arbres remarquables de Haute-Saône, Les arbres remarquables de Franche-Comté t. IV, Besançon, 2002, pp. 64-65.

S.A.L.S.A., La Haute-Saône, Nouveau dictionnaire des communes, t. II, Vesoul, 1970, pp. 274-275.

Renseignements fournis par M. Pierre MIGARD, maire de Le Cordonnet.