Supt (2010)

Les armoiries de Supt, composition de Nicolas Vernot

Les armoiries de Supt, composition de Nicolas Vernot

La commune n’a jamais possédé d’armoiries par le passé. Elle possède toutefois un logo représentant un chevreuil marron devant deux sapins stylisés verts, que l’on peut voir sur la salle des fêtes. S’inscrivant dans une continuité emblématique, le blason que nous avons composé pour la commune, adopté par délibération du conseil municipal le 18 octobre 2010, s’efforce de rendre compte de toute la richesse de l’identité communale. Luxuriant et coloré, il est une invitation à la découverte de Supt, un lieu à nul autre pareil…

BLASONNEMENT

Parti d’or et de sinople, à l’arbre ramé de deux branches, l’une d’érable, l’autre de sapin, passées en sautoir, de l’un en l’autre, soutenant chacune un écureuil assis de gueules brochant sur la ramure, celui de dextre tenant un cône de sinople, celui de senestre, contourné, tenant une disamare d’or, l’arbre posé sur un mont à trois coupeaux vidé et mouvant de la pointe de l’un en l’autre, sommé d’un chevreuil passant de gueules brochant sur le fût de l’arbre.

Devise : « Les petites graines font les grands arbres ».

SYMBOLIQUE

Inspiré de la faune et de la flore locale, le blason n’en offre pas une représentation naturaliste : conformément à la tradition héraldique, les éléments choisis sont stylisés et mis en scène selon des échelles différentes de celles observées dans la nature, ceci afin de constituer une image emblématique originale, plaisante à l’œil et aisément reconnaissable à distance.

Un arbre imaginaire

Le motif principal de l’écu est un arbre imaginaire, mi-conifère, mi-feuillu. Pourquoi ?

Mi-conifère…

La forêt domaniale de la Joux, qui occupe la majeure partie du territoire communal, est essentiellement peuplée de résineux qui en font depuis toujours la principale source de revenus du village. Au Moyen Age, le bois était abattu pour alimenter entre autres les sauneries de Salins. Durant les siècles passés, l’exploitation forestière a généré une intense activité : loin de se limiter à la seule coupe, les habitants du village se consacraient également au voiturage, tandis que les eaux de la Doye actionnaient les scieries. Aujourd’hui encore, Supt est réputé pour la qualité de ses sapins et de ses épicéas. L’actuel sapin président de la forêt de la Joux est situé sur le finage communal, qui est par ailleurs traversé par la touristique Route des sapins.

Près de la maison forestière du chevreuil, un arboretum constitué dans les années 1930 présente un rare ensemble de conifères originaires de toutes les régions du monde.

Par conséquent, l’évocation de ces conifères si importants pour la vie locale s’imposait dans le blason.

Mi-feuillu…

Sur le blason, ce conifère est uni à un feuillu, l’érable. Cette essence, présente à Supt, a été choisie pour rappeler un événement original de l’histoire de la commune. De 1917 à 1918, un camp de bûcherons canadiens fut installé à Supt : destinés à remplacer les travailleurs français partis au front, ils avaient pour mission d’extraire les bois utilisés pour étayer les tranchées. Véritable petite cité, le camp principal, installé dans la clairière du chevreuil, était muni d’un four à pain (qui subsiste), tandis que l’actuelle aire de jeux occupe l’emplacement du terrain de base-ball. Maladies et accidents furent nombreux : huit Canadiens reposent au cimetière communal de Supt.

Emblème du Canada, l’érable qui prend place sur le blason de Supt est un hommage à ces bûcherons d’Outre-Atlantique.

Un arbre qui représente toutes les essences

Par son caractère hybride, mi-conifère, mi-feuillu, l’arbre imaginaire de Supt représente l’ensemble des essences des forêts françaises. Il souligne ainsi le rôle d’un organisme célèbre dans le monde entier, le service Graines et Plants de l’Office national des Forêts. Implanté sur le site de la Sécherie de la Joux, il a pour mission de récolter, trier, sécher puis commercialiser les graines des grandes essences de feuillus et de résineux. Aujourd’hui, la majeure partie des graines récoltées en France y subissent un traitement assurant leur conservation et leur qualité, dans le but de participer au repeuplement des forêts du pays. Cette activité originale se développe dès le milieu du XIXe e siècle avec les programmes de reboisement de régions comme les Landes ou les Cévennes. De cette époque subsiste un rare séchoir en bois utilisé jusqu’en 1949, date à laquelle de nouveaux espaces de séchage furent aménagés dans la ferme de Montrainçon. En 1950, l’ONF fait construire, en face de la gare de la Joux, une sécherie pour le traitement des graines de résineux. En 1981-1982, on lui adjoint une sécherie de graines de feuillus, qui inclut des laboratoires et bureaux, un hall de traitement et des chambres froides. Créé par l’ONF en 1980, le service Graines et Plants produit annuellement plusieurs tonnes de graines et semences issues d’une centaine d’essences.

Si de nombreuses communes de la montagne jurassienne peuvent s’enorgueillir de leurs forêts de conifères, Supt se distingue par son rôle, à l’échelle nationale, dans la conservation des forêts françaises. Il était donc tout naturel de choisir un arbre mi-conifère, mi-feuillu pour symboliser ce haut-lieu de la connaissance scientifique et du savoir-faire technique sylvicoles français, le tout complété par une devise qui vient compléter et éclairer la composition.

Une faune originale

D’une manière générale, le chevreuil et les écureuils soulignent la richesse de la faune de la forêt de la Joux. Mais chacune de ces espèces possède une symbolique propre, intimement liée à Supt.

Les écureuils

Les écureuils, tel est le surnom donné aux cueilleurs spécialisés employés par le service Graines et Plants aux périodes de récolte, notamment à l’automne.  En effet, les graines utilisées pour la production de plants forestiers sont généralement récoltées sur l’arbre, parmi des peuplements sélectionnés pour leur qualité dans la forêt de la Joux et … dans toute la France. Ce travail à grande hauteur nécessite de réelles capacités physiques et une maîtrise parfaite des règles de sécurité.

Les écureuils tenant l’un une pive, l’autre une disamare, évoquent ces hommes aussi qualifiés qu’intrépides sans qui l’activité du service Graines et Plantes serait impossible.

Le chevreuil

Le chevreuil associé à l’arbre rappelle bien sûr l’arboretum du chevreuil. Les habitants se reconnaissent dans cet animal, hôte des forêts locales bien connu des promeneurs et des chasseurs, et qui figurait sur le logo du village.

D’ailleurs, le surnom des habitants, les Bacques, signifierait les « jeunes chevreuils » en patois. Sur le blason, c’est donc le chevreuil qui est mis en valeur, majestueux, au pied de l’arbre.

Une évocation de la montagne jurassienne

L’arbre est posé sur un mont, afin de souligner le caractère montagneux de cette commune du massif jurassien. D’après certains, le nom même de la commune dériverait de sa position en hauteur.

Le mont est évidé pour évoquer les nombreuses grottes et cavernes situées près du hameau de la Vessoye. Certaines ont joué un rôle dans l’histoire de la commune puisqu’elles servirent de refuge à des prêtres persécutés pendant la Révolution. Les plus remarquables sont la Caverne du Paradis et celle du Grouin de la Chatonnière.

Les couleurs aussi ont leur mot à dire…

L’or (jaune) signifie la richesse : sur le blason, les branches d’or soulignent que la forêt est depuis le Moyen Age la principale source de revenu des habitants. Mais la richesse n’est pas que matérielle : par son intérêt scientifique et pédagogique, l’arboretum permet l’enrichissement culturel de ses visiteurs. Couleur de la lumière et de l’émerveillement, l’or magnifie le patrimoine naturel communal.

Le gueules (rouge) est la couleur du sang, rappelant le martyre de saint Etienne, protecteur de la paroisse. Sa lapidation est l’objet d’une très belle toile signée de Combette, prenant place dans le retable de l’église du village.

Le rouge est également la couleur du feu, commémorant ainsi la destruction du village, incendié par les troupes de Saxe-Weimar en 1639. Autrefois fort étendu, le village fut quasiment réduit à néant.

Le sinople (vert), couleur des prairies et de la forêt, rappellent l’importance de l’élevage et de la sylviculture. Plus symboliquement, c’est la couleur du printemps et de l’espoir, soulignant ainsi le courage des habitants qui, malgré les épreuves infligées par l’histoire, surent faire renaître le village.


SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE

Outre les renseignements recueillis auprès de Mme Evelyne COMTE, maire de Supt, les références suivantes ont été consultées :

Sites Internet

- site officiel de la mairie de Supt : http://supt.monclocher.fr

- Pollens, site de Michel Verollet, article « les cueilleurs de graines », http://pagesperso-orange.fr/pollens/frames.htm

- Patrimoine de France, article de Raphaël Faveraux, « Usine de sélection de semences dite Sécherie de la Joux à Supt (39) », http://www.patrimoine-de-france.org/oeuvres/richesses-36-11791-81962-M112316-202309.html

Ouvrages

Parmi une importante bibliographie, citons principalement :

- Michel de LA TORRE, Jura. Le guide complet de ses 545 communes, Saint-Etienne, 1990.

- Alphonse ROUSSET, Dictionnaire géographique, historique et statistique… du Jura, t. VI, Lons-le-Saunier, 1858, p. 34-37.