Mazerolles-le-Salin (2013)

Les armoiries de Mazerolles-le-Salin, composition de Nicolas Vernot

Les armoiries de Mazerolles-le-Salin, composition de Nicolas Vernot

Les armoiries communales ont été composées par l’auteur de ces lignes en concertation étroite avec le conseil municipal, et tout particulièrement M. Daniel Pâris, maire, qui a dressé la liste des éléments qu’il souhaitait voir figurer :

- une évocation du sel gemme ayant donné son nom à la commune ;

- un rappel du grand incendie du village ;

- une couronne murale pour évoquer le château ;

- une devise ;

- des soutiens de part et d’autre de l’écu.

Les armoiries présentées ici associent divers éléments issus du terroir local, mais traités avec un graphisme dynamique et contemporain, associant trait vigoureux et couleurs vives : c’est donc l’alliance de la tradition et de la modernité. Le projet a été conçu afin d’être un motif de fierté pour les habitants ainsi qu’un emblème permettant de mieux faire connaître la commune à l’extérieur.

Les armoiries ont été adoptées par le Conseil municipal, à l’unanimité, le 13 novembre 2013.

Blasonnement

Le blasonnement est la description en langage héraldique des figures et couleurs de l’écu.

D’azur à la losange d’or chargée d’un dragon éployé de gueules vomissant des flammes de même et cantonnée de dix cristaux de sel d’argent, six en chef, quatre en pointe.

Devise : HUIT MAZEROLLES, UN SALIN.

Soutiens : deux branches, l’une de chêne à dextre, l’autre de hêtre à senestre, de sinople fruitées d’or, les tiges passées en sautoir.

Timbre : couronne murale d’or ajourée d’argent, à une tour ouverte de même, portillée de gueules.

Symbolique

La composition est aisée à interpréter et met nettement en valeur les éléments constitutifs de l’identité de la commune.

Les cristaux de sel gemme

La commune doit son nom à l’important banc de sel gemme découvert peu avant la Première Guerre Mondiale, à l’occasion de forages menés en vue de détecter du charbon. Le 16 février 1919, suite à une injonction préfectorale demandant de « changer ou compléter le nom de la commune de Mazerolles attendu que neuf communes de ce nom existent en France », le conseil municipal, « considérant qu’il existe sur le territoire un important gisement de sel gemme, propose de donner à cette commune la dénomination de Mazerolles-le-Salin ».

De nouveaux forages réalisés en 1960 dans l’espoir de trouver du pétrole confirmèrent l’existence du banc de sel et révélèrent la présence de gaz.

Le dragon

Le dragon s’est imposé comme emblème de la commune pour plusieurs raisons :

Le dragon est dans la mythologie le gardien des trésors enfouis. Or le sous-sol de la commune recèle des trésors :

- géologiques (vaste banc de sel gemme, gaz…) ;

- archéologiques, avec des vestiges antiques important tels que murgers et tuiles, et surtout la découverte d’une centaine de petites monnaies qui constituent probablement ce que les archéologues nomment un trésor, c’est-à-dire une somme d’argent enfouie par peur des pillages. Certaines de ces pièces ont été frappées sous le règne de Gallien et de Tétricus (IIe et IIIe siècles).

Les flammes sortant de la gueule du dragon symbolisent un trait marquant de l’histoire de Mazerolles, à savoir le grand incendie qui, le 16 septembre 1791, détruisit la quasi-totalité du village (37 maisons sur 44, soit 40 familles frappées). L’agglomération, autrefois éloignée de l’église, fut reconstruite dans sa proximité immédiate.

Les émaux de l’écu

Azur et or constituent les couleurs de la Franche-Comté. Si on leur ajoute l’argent, on obtient les émaux des armes de la famille Clerc de Mazerolles.

La couronne

La couronne murale est l’attribut générique des communes : elle symbolise l’autonomie municipale.

Les deux battants sont grands ouverts pour signifier un village accueillant.

Ici, la couronne murale est dotée d’une tour unique, par fidélité à la réalité historique. En effet, en 1665, la demeure seigneuriale est désignée par l’expression « tour et château de Velleguindry ». Dans la mesure où un certain Thibaud de Velleguindry est cité en 1452 comme seigneur au village, on peut supposer que le manoir de Mazerolles existait déjà à la fin du Moyen Age.

Un plan de 1730 suggère que la tour existait encore, au moins en partie, à cette époque. Toutefois, entre temps, le château avait été rebâti sous la forme d’un manoir rectangulaire, probablement par Jean-François Clerc, dont la carrière est désormais bien connue grâce aux recherches menées par Jacques Mourant. Né en 1641 au sein d’une famille grayloise, d’abord notaire, enrichi par l’activité de maître de forges, Jean-François Clerc emploie une partie de sa fortune à l’acquisition de la noblesse. Vers 1684, il achète la seigneurie de Mazerolles des mains de Claude-François de La Baume, comte de Saint-Amour et petit-fils d’Hélène Perrenot de Granvelle. En 1686, il se remarie avec Jeanne de Rivière, issue d’une famille de noblesse ancienne dont lui et ses descendants porteront désormais les armoiries, d’azur au chevron d’or accompagné de trois roses d’argent. C’est à cette époque que Jean-François fait rebâtir le manoir de Mazerolles, si l’on en croit la date de 1687 portée sur une plaque de cheminée conservée sur place et provenant d’une des forge qu’il exploitait. Curieusement, ce ne sont pas ses armoiries qui y figurent, mais celles d’une famille bourguignonne, les Fyot, liée aux propriétaires de la forge de Boussole (aujourd’hui en Côte-d’Or). Au moment de son testament en 1712, Jean-François Clerc est secrétaire du Roi, une charge qu’il a acquis fort cher mais qui lui permet d’anoblir légalement sa famille.

Les branches

L’écu a pour soutiens deux branches, l’une de hêtre, l’autre de chêne, pour évoquer l’importance du bois du Fay ou Fahy, attesté dès 1585, date à laquelle Frédéric Perrenot, le fils de Nicolas Perrenot de Granvelle, reconnaît tenir du roi d’Espagne le bois banal dit le Fay « au finage de Maizirolles ».

Comme son nom l’indique, ce bois avait à l’origine pour essence principale le hêtre, en latin fagus, qui a donné en français régional foyard, « hêtre », ainsi que fahy ou fay « bois de hêtres ».

Aujourd’hui, ce bois est peuplé en majorité de chênes dont la qualité est unanimement reconnue par l’O.N.F et les marchands de bois.

Les glands et les faînes sont d’or pour souligner que ce bois a toujours été, et demeure, une source de richesse. Il fut l’objet de toutes les attentions des seigneurs d’autrefois, non seulement de Frédéric Perrenot mais aussi de Jean-François II Clerc, qui en confiait l’exploitation à deux marchands de bois et en fit dresser un plan en 1742.

La devise

S’il existe aujourd’hui huit communes du nom de Mazerolles, une seule évoque le sel : c’est ce que proclame fièrement la devise dont la présence facilitera l’identification des armoiries comme étant celle de Mazerolles-le-Salin

Sources

Lydie JOAN, Le Doubs et le territoire de Belfort. Carte archéologique de la Gaule, Paris, 2003, p. 373.

Philippe K’VAREC, Mazerolles-le-Salin (Doubs). 5 siècles d’histoire, s.l.n.d.

Nicole MORRE-BIOT, « Le sel, « or blanc de la Franche-Comté » », article mis en ligne sur le site de la Société d’Histoire Naturelle du Doubs à l’adresse : http://www.shnd.fr/spip.php?article259

Jacques MOURANT, « le réemploi d’armoiries sur les plaques de cheminée du maître de forges Jean-François Clerc », article à paraître dans Haute-Saône SALSA, bulletin de la Société d’Agriculture, Lettres, Sciences et Arts de la Haute-Saône.

Marcel PETITJEAN, « Mazerolles-le-Salin », Jean COURTIEU (dir.), Dictionnaire des Communes du département du Doubs, t. 4, Besançon, 1985, p. 1988-1994.

Sans oublier les informations inédites recueillies auprès de Jacques MOURANT (famille Clerc de Mazerolles) et Daniel PARIS, maire.