Equevillon (2011)
Les armoiries de la commune sont le fruit de plusieurs mois de recherches, de réflexion et d’échanges avec l’équipe municipale. Le principe de base était de concilier l’efficacité et la concision afin d’obtenir des armoiries qui soient à la fois parlantes et sobres, tout en étant fidèles à l’identité locale. L’histoire de la commune étant particulièrement riche, c’était un vrai défi … qui a finalement abouti aux présentes armoiries, adoptées par délibération du conseil municipal en date du 21 juillet 2011.
BLASONNEMENT
D’argent à deux filets écotés de sinople passés en sautoir, cantonnés : en chef d’une vouivre au vol de dragon éployé de gueules, ayant pour unique œil une escarboucle de même rayonnante d’or reliée à sa tête par un appendice de gueules ; à dextre, d’un filet en bande brochant sur un filet en barre, écotés et cantonnés en chef, à senestre et en pointe de trois feuilles, leur pétiole mouvant de la pointe de leur quartier, le tout de sinople ; à senestre, aussi d’un filet en bande brochant sur un filet en barre, écotés et cantonnés en chef, à dextre et en pointe de trois feuilles, leur pétiole mouvant de la pointe de leur quartier, le tout de sinople ; en pointe, d’un fanum octogonal de gueules ouvert et ajouré d’or, sur un mont de sinople mouvant de la pointe.
Devise : « toujours fidèle au Mont Rivel »
Timbre : couronne murale à trois tours, celle du centre, carrée, posée en bastion, la première chargée d’un écu d’or à la bande de gueules et la troisième d’un écu de gueules à la bande d’or, le tout d’or ajouré de gueules.
SYMBOLIQUE
Le village s’était forgé autrefois une solide réputation pour le débardage et le transport des bois. Au XIXe siècle, presque tous les habitants se livraient au transport des bois et au roulage, et l’activité de débardage est aujourd’hui encore présente sur la commune. Cette activité qui a fait la réputation d’Equevillon est symbolisé sur le blason par les deux grumes stylisées et croisées qui traversent et structurent l’écu.
Ces deux grumes sont placées en sautoir, c’est-à-dire en X. On obtient ainsi une croix de saint André, ancien emblème adopté par les Comtois pour marquer leur attachement à leur région et aux rois d’Espagne. En Franche-Comté, on la retrouve sur de nombreuses pierres et plaques de cheminées anciennes. Sur le présent blason, la croix indique que l’identité d’Equevillon et de ses habitants s’insère dans l’histoire, la culture et la géographie comtoises.
Positionné sur un plateau entre deux monts boisés, Equevillon est fortement soumis aux vents. Cette contrainte naturelle a entraîné la mise en place d’un paysage de bocage dont les haies constituent une richesse à la fois paysagère et écologique. Cette spécificité locale est figurée par les rameaux munis de feuilles qui évoquent non seulement l’entrelacement des branches qui forment une haie mais aussi, à une échelle différente, le découpage bocager.
Dans la partie inférieure de l’écu apparaît le Mont Rivel coiffé d’une évocation du fanum, temple octogonal qui dominait la contrée à l’époque de la Séquanie romaine. Ce sanctuaire était alors un des plus importants de la province. Par ses dimensions et par l’originalité de sa structure, ce temple, fortement influencé par l’architecture gauloise, est à la fois le bâtiment le plus curieux et le plus prestigieux du Mont Rivel gallo-romain. Tel qu’il apparaît ici, le fanum est représenté de manière stylisée, comme le sont, par exemple, les châteaux héraldiques. Toutefois, cette restitution hypothétique a intégré au maximum les données archéologiques, malheureusement lacunaires, communiquées par M. François Leng, spécialiste du site : ainsi, les proportions générales du bâtiment ont été respectées au mieux (hauteur de la tour centrale équivalente à la largeur totale du temple, largeur de la tour double de celle de la galerie)
Dans la partie supérieure de l’écu, la vouivre prend son envol. Cet animal fabuleux fait partie de notre patrimoine culturel : celle qui nous intéresse ici passait pour avoir élu domicile au sommet du Mont Rivel (sur le territoire d’Equevillon), d’où elle descendait régulièrement afin de s’abreuver dans une fontaine qui porte son nom, sur le territoire de Champagnole. Un paysan de Vannoz aurait cherché à s’emparer de l’escarboucle flamboyant qui lui sert d’œil unique. Cette particularité, fidèlement représentée sur le blason communal, distingue la vouivre du dragon.
Sur le blason, la vouivre évoque non seulement cette légende locale mais, plus largement, l’ancienneté des pratiques religieuses attestées sur le territoire d’Equevillon. Outre le sanctuaire gallo-romain déjà cité, on note un tumulus aux abords du village ; l’historien Rousset signale encore au milieu du XIXe siècle deux menhirs, dont la Pierre Lite dans le bois de la Fresse.
En outre, cette vouivre qui prend son envol évoque l’essor de la commune depuis les années 1960 : essor démographique (la population a été multipliée par plus de 3 depuis 1968) mais aussi essor économique, avec la création de deux zones d’activités (dont une intercommunale) et de nombreuses entreprises.
Par leur symbolique, les couleurs précisent davantage encore l’identité de la commune :
- le fond d’argent (blanc ou argenté) rappelle non seulement la production laitière (la commune est traditionnellement tournée vers l’élevage et la production laitière pour le fromage) mais aussi la chaux (présence du plus ancien four à chaux du site du Mont Rivel sur la commune, entre les deux temples) et les neiges hivernales.
- le sinople (vert) évoque bien sûr bois et forêts.
- La vouivre est de gueules (rouge), son escarboucle est une pierre rouge qui jette des rayons d’or (or ou jaune) : ces couleurs chaudes et lumineuses sont appropriées pour un animal souvent associé au feu et à la lumière. De même, les fouilles archéologiques ont démontré que les temples étaient revêtus d’un enduit rouge, couleur retenue pour le temple.
La couronne murale, attribut des armoiries communales et symbole de l’autonomie municipale, est particulièrement indiquée ici : de même qu’autrefois, le château du Mont Rivel dominait le village, de même, une représentation stylisée de la forteresse médiévale vient couronner l’écu. Afin de rendre compte des spécificités du château, la tour centrale est bastionnée tandis que les deux autres sont chargées chacune d’un petit écu, aux armes respectivement des Salins et des Chalon : les Salins furent les premiers seigneurs connus du château, et probablement leurs constructeurs, tandis que les Chalon, maîtres de la seigneurie du XIIIe au XVIe siècle, vont s’attacher à son développement économique.
La devise peut s’appliquer tout à la fois aux pèlerins gallo-romains qui se rendaient au temple, à la vouivre qui revient toujours loger dans les ruines du château, aux voituriers d’antan qui, leur voyage accompli, regagnaient leur logis indiqué au loin par le mont, mais aussi, aujourd’hui, aux promeneurs qui, tous les ans, font l’ascension du mont. Elle a le mérite de localiser la commune et de la relier explicitement à ce haut lieu mythique qu’est le Mont Rivel, trop souvent – et uniquement – associé à Champagnole.
SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE
[Coll.] Mont Rivel. Promenade historique et bucolique, Lons- le-Saunier, 2002.
[Coll.] Une légende de Franche-Comté : la vouivre, Besançon, 1979.
Jules et Léon GAUTHIER, Armorial de Franche-Comté, Paris, 1911.
Gabriel GRAVIER, Franche-Comté, pays des légendes, t. II, Lons-le-Saunier, 1982, p. 153.
Alphonse ROUSSET, Dictionnaire géographique, historique et statistique… du Jura, t. III, Besançon, 1855, p. 43-49.
Informations recueillies auprès de M. Michel BESSARD, maire d’Equevillon, ainsi que de MM. Charles THEVENIN et François LENG, que nous tenons à remercier.